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charles et éva

à quoi les attribuer et ne pouvait les définir. Qu’était-ce donc ? Thomas Fournier va nous le dire.

Telle était la profondeur de la méditation du jeune homme, qu’il n’entendit point le vieux Thomas qui, couché à quelques pieds de lui, venait de se mettre sur son séant et lui disait : — Le temps se barbouille, monsieur Charles, les nuages s’amassent, le vent augmente ; nous allons avoir du gros temps cette nuit.

— Allons, grommela le vieux guide, le jeune maître a l’oreille dure ce soir ; il n’a pourtant pas coutume d’être si distrait. Je gage que ces diables de petits yeux bleus qui sont en ce moment braqués sur lui lui ont tourné la tête. Voilà ce que c’est que la jeunesse ! Et dire qu’il faut presque toujours finir par en passer par là !

Et le bonhomme se recoucha. Bientôt un ronflement sonore et régulier annonça qu’il était fort bien disposé à rêver en dormant, s’il ne l’était pas à le faire en veillant.

Charles fut bientôt arraché à ses réflexions par la voix d’Éva qui l’appelait. Apparemment que le son de cette voix avait pour lui quelque chose de plus attrayant que