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Page:Marmette - Heroisme et Trahison - 1880.djvu/128

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chargé qui lui restait et visa le groupe confus que formaient, à vingt pieds de lui, Lavigueur et Beaulac.

— Baissez-vous ! cria Jean Lavigueur à Raoul.

L’éclair jaillit, la balle effleura les deux canadiens et s’applatit sur le roc.

L’anglais bondit en avant comme un tigre.

Mais comme il allait toucher la rive, Lavigueur donna aux arbres une puissante poussée.

Il y eut trois cris, effroyables, inouïs, puis des clameurs sur les deux berges.

Trop long pour tomber tout d’une pièce dans la rivière, trop lourd, avec sa charge, pour être lancé bien loin, le pont s’abattit en éraillant les deux rives de pierre.

Durant quelques secondes il s’arrêta retenu diagonalement aux extrémités par des crans de roche.

Mais le poids des trois hommes, qui s’y tenaient accrochés avec toute la frénésie du désespoir, le fit lentement glisser jusqu’à fleur d’eau.