Page:Marmette - Heroisme et Trahison - 1880.djvu/130

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Raoul se pencha sur le gouffre. Il ne vit plus rien ; rien que l’eau tumultueuse poussée par l’eau.

Quelques coups de fusil partirent alors de la rive gauche. Ceux des anglais qui avaient survécu voulaient venger leurs frères. Les canadiens firent sur eux une décharge générale. Les ennemis disparurent.

— C’est affreux ! dit Raoul que cette scène d’horreur avait énervé.

— Bah ! gronda Lavigueur. J’ai eu deux frères tués à Carillon l’été passé. J’avais juré de les venger. C’est fait. Allons-nous-en !

L’officier anglais n’avait cependant pas été noyé du coup comme ses deux compagnons, qui furent engloutis au moment même où le pont se rompit.

Les bras crispés autour d’un tronçon d’arbre, il y resta cramponné avec cette ténacité qui survit souvent à la mort.

Lancé comme un boulet, il descendit la rivière avec une indicible vélocité.

Ceux qui ont vu les Marches-Naturelles savent combien le cours de la rivière est