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Page:Marmette - Heroisme et Trahison - 1880.djvu/66

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Il pouvait avoir trente-cinq ans. Donc d’une taille au-dessus de la moyenne, d’une figure sympathique où se lisait pourtant une expression de rase et d’astuce aussitôt qu’il parlait d’affaires, tranchant du grand seigneur par ses manières courtoises et sa prodigalité, Bigot avait su se faire un grand nombre d’amis.

Porté par tempérament aux excès qui caractérisent l’époque de Louis XV, sa fièvre de jouissance dont l’incessante satisfaction exigeait un revenu dix fois plus considérable que ses ressources personnelles et ses appointements, lui fit bientôt rejeter le masque d’honnête homme dont la nature l’avait doué. Alors, il se montra tel qu’il était réellement, c’est-à-dire le plus effronté pillard que jamais roi de France ait eu pour fermier-général ou pour intendant.

Afin de voiler un peu ses exactions, il sut inviter ses subordonnés et leurs commis au silence, et leur inspira des goûts de luxe qu’ils ne pouvaient satisfaire qu’en imitant ses propres malversations.