Aller au contenu

Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T3.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bases inébranlables les bornes mêmes de son pouvoir et la colonne de la liberté, de la félicité publique, la monarchie françoise, sans changer de nature, devenoit le gouvernement le plus doux, le plus modéré, le plus stable qui fût jamais. Le roi, dans ce conseil législatif de la nation, alloit présider comme un père, consulter avec ses enfans, régler, concilier leurs droits en ami plutôt qu’en arbitre, et rédiger avec eux en lois les moyens de les rendre heureux. C’étoit dans cet esprit que le ministre croyoit tout disposer pour donner à la nation et conserver à la couronne ce caractère de grandeur, de puissance et de majesté, qu’elles devoient avoir ensemble, et que l’une sans l’autre ne pouvoit avoir pleinement (car c’est ainsi que le roi l’annonçoit).

Mais, dans une nation pétulante et légère, qui tout à coup veut être libre avant d’avoir appris à l’être, il n’est que trop naturel que la première fougue des esprits les emporte au delà des bornes de cette liberté ; et, ces bornes franchies, le reste est le domaine des passions, de l’erreur et du crime.