à de mauvais décorateurs et à des acteurs maladroits. Le contraire arriva ; et, dans les momens les plus intéressans, toute illusion fut détruite. Ainsi la belle musique de Piccini manqua presque tous ses effets. Saint-Huberty la relevoit, aussi admirable dans le rôle de Pénélope qu’elle l’avoit été dans celui de Didon ; mais, quoiqu’elle y fût applaudie toutes les fois qu’elle occupoit la scène, elle fut si mal secondée que, ni à la cour, ni à Paris[1], cet opéra n’eut le succès dont je m’étois flatté ; et c’est à moi qu’en fut la faute. Je devois savoir de quelles gens ineptes je faisois dépendre le succès d’un pareil ouvrage, et ne pas y compter après ce que j’ai dit de Zémire et Azor.
Je n’avois pas été plus heureux dans le choix d’un sujet d’opéra-comique que j’avois fait avec Piccini pour le Théâtre-Italien ; et, quand j’y pense, j’ai peine à concevoir comment je fus séduit par ce sujet du Dormeur éveillé, qui, dans les Mille et une Nuits, pouvoit être amusant, mais qui n’avoit rien de comique : car le véritable comique consiste à se jouer d’un personnage ridicule ; et celui d’Assan ne l’est pas[2].