Aller au contenu

Page:Marot - Les Œuvres, t. 4, éd. Guiffrey, 1929.djvu/417

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ains de ses pleurs en feit bien plorer mille.
Terre en ce temps devint nue, et debile :
Plusieurs Ruisseaulx tous à sec demourerent :
La mer en fut troublée, et mal tranquille,
Et les Daulphins bien jeunes y plourerent.
Biches, et Cerfz estonnez s’arresterent :
Bestes de proye, et Bestes de pasture,
Tous Animaulx Loyse regretterent,
Exceptez Loups de maulvaise nature.
Tant (en effect) griefve fut la poincture,
Et de malheur l’adventure si pleine,
Que le beau Lys en print noire taincture,
Et les Trouppeaux en portent noire Laine.
Sus Arbre sec s’en complaint Philomene,
L’aronde en faict cryz piteux, et tranchans,
La Tourterelle en gemit, et en meine
Semblable dueil : et j’accorde à leurs chants.
O francs Bergers sur franche herbe marchans
Qu’en dictes vous ? quel dueil, quel ennuy est ce,
De veoir secher la fleur de tous nos Champs ?
Chantez mes Vers, chantez à Dieu liesse.
Nymphes, et dieux, de nuyt en grand destresse
La vindrent veoir, et luy dirent helas,
Dors tu icy, des Bergers la Maistresse,
Ou si c’est Mort qui t’a mise en ces las ?
Las ta couleur (telle comme tu l’as)
Nous juge bien, que morte tu reposes :
Ha mort fascheuse oncques ne te mesla
Que de ravir les excellentes choses.
Tant eut au chef de sagesses encloses :
Tant bien sçavoit le clos de France aymer :