Page:Marot - Les Œuvres, t. 4, éd. Guiffrey, 1929.djvu/418

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Tant bien y sceut aux Lys joindre les Roses :
Tant bien y sceut bonnes herbes semer :
Tant bien sçavoit en seurté confermer
Tout le Bestail de toute la Contrée :
Tant bien sçavoit son Parc clore, et fermer,
Qu’on n’a point veu les Loups y faire entrée.
Tant a de fois sa prudence monstrée
Contre le temps obscur, et pluvieux,
Que France n’a (long temps a) rencontrée
Telle Bergere, au rapport des plus vieulx.
A Dieu Loyse, à Dieu en larmes d’ieux,
A Dieu le corps, qui la terre decore.
En ce disant, s’en vont Nymphes, et Dieux :
Chantez mes Vers, chantez douleur encore.
Rien n’est çà bas, qui ceste mort ignore :
Coignac s’en coigne en sa poictrine blesme :
Rommorantin la perte rememore
Anjou faict jou : Angolesme est de mesme.
Amboyse en boyt une amertume extrême :
Le Meine en maine ung lamentable bruyt :
La pauvre Trouve arrousant Angolesme
A son pavé de Truites tout destruict.
Et sur son eaue chantent de jour, et nuyct
Les cignes blancs, dont toute elle est couverte,
Pronostiquans en leur chant, qui leur nuyt,
Que Mort par mort leur tient sa porte ouverte.
Que faictes vous en ceste forest verte
Faunes, Silvains ? je croy que dormez là :
Veillez, veillez, pour plorer ceste perte :
Ou si dormez, en dormant songez la.
Songez la Mort, songez le tort, qu’elle a :
Ne dormez point sans songer la meschante :
Puis au resveil comptez moy tout cela
Qu’avez songé, affin que je le chante.
D’où vient cela qu’on veoit l’herbe sechante