Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/19

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S’il t’en souvient, lors que tu trouveras
De mes Amys, si dure ne sera
A mon advis, que de moy ne t’enquieres :
Et qui plus est, que tu ne les requieres
De t’advertir, en quel poinct je me porte :
Lors ce seul mot, si on le me raporte,
Allegera la grand douleur des coups,
Dont j’ay esté en deux sortes secoux.
Amour a faict de mon cueur une bute,
Et Guerre m’a navré de hacquebute :
Le coup du bras le montre à veue d’œil :
Le coup du cueur le monstre par son dueil :
Ce nonobstant celluy du bras s’amende,
Celluy du cueur je le te recommande.


II

Puis qu’il te fault desloger de ce lieu,
Il m’est bien force (helas) de dire à Dieu
Par escripture au corps, qui s’en ira,
Veu que la Bouche à peine le dira.
O quel depart plein de dueil, ou liesse.
Certes croy moy (ma terrestre Deesse)
Que ton depart a vertu, et pouvoir
De me laisser ou vie, ou desespoir.
Quand ta promesse avant partir tiendras,
En tout plaisir ton Amy maintiendras :
Mais si mon cueur ne vient à son entente