Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/25

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Car en sa bouche il n’y a rien que Miel,
Mais en son cueur il n’a rien que Fiel.
Si vous promect, et s’il vous faict le doulx,
Respondez luy, Amour, retirez vous :
J’en ay choysi ung, qui en mainte sorte
Merite bien, que dehors moy ne sorte.
Quant est de moy, vienne Helaine, ou Venus,
Viennent vers moy m’offrir leurs corps tous nudz,
Je leur diray, retirez vous Deesses,
En meilleur lieu j’ay trouvé mes lyesses.
Ainsi tous deux tant comme nous vivrons
De Fermeté le grand Guydon suivrons,
Lequel (pour vray) Fermeté a faict paindre
De Noir obscur, qui ne se peult destaindre,
Signifiant à tous ceulx, qui conçoivent
Amour en eulx, qu’estaindre ne la doibvent.
Cestuy Guydon, et triumphante Enseigne
Nous debvons suyvre. Amour le nous enseigne.
Et s’il advient qu’Envieux, et Envie,
Reçoivent dueil de nostre heureuse vie,
Que nous en chault ? en douleur ilz mourront,
Et noz plaisirs tousjours nous demourront.