Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/28

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Si qu’au retour j’ay en vous esprouvé
Ce que craigniez en moy estre trouvé.
Las tous Amans au departir languissent,
Et retournans tousjours se resjouyssent :
Mais au contraire ay eu plus de tourment
A mon retour, qu’à mon departement :
Car vostre face excellente, et tant claire,
S’est faicte obscure à moy, qui luy veulx plaire :
Vostre gent corps de moy se part, et emble :
Vostre parler au premier ne ressemble,
Et vos beaulx yeux, qui tant me consoloient,
Ne m’ont point rys ainsi, comme ilz souloient.
La qu’ay je faict ? Je vous pry que on me mande
La faulte mienne, affin que je l’amende,
Et que d’y cheoir desormais je me garde.
Si rien n’ay faict, au Cueur, qu’avez en garde,
Vueillez offrir traictemens plus humains :
Car s’il mouroit loyal entre voz mains,
Tort me feriez, et de ce Cueur la perte
Seroit à vous (trop plus qu’à moy) aperte,
D’aultant qu’il est (et vous le sçavez bien)
Beaucoup plus vostre (en effect) qu’il n’est mien.

V

Si ta promesse amoureusement faicte
Estoyt venue à fin vraye, et parfaicte,
Croy (chere Sœur) qu’en ferme loyaulté
Je serviroys ta jeunesse et beaulté,
Faisant pour toy de corps, d’esprit, et d’âme,
Ce que Servant peult faire pour sa Dame.
Je ne dy pas que de ta bouche sorte
Mot, qui ne soit de veritable sorte :