Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/29

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Mais quand à l’œil voy ta belle stature
Et la grandeur d’une telle adventure,
Qui ne se peult meriter bonnement,
Je ne sçaurois croire qu’aucunement
Je peusse attaindre à ung si hault degré,
S’il ne me vient de ta grâce, et bon gré.
Puis que ton cueur me veulx donc presenter,
Et qu’il te plaist du mien te contenter,
Je loue Amour. Or evitons les peines,
Dont les Amours communement sont pleines :
Trouvons moien, trouvons lieu, et loisir
De mettre à fin le tien, et mien desir.
Voicy les jours de l’An les plus plaisans,
Chascun de nous est en ses jeunes ans :
Faisons donc tant que la fleur de nostre aage,
Ne suive point de tristesse l’oultrage :
Car temps perdu, et jeunesse passée
Estre ne peult par deux fois amassée.
Le tien office est, de me faire grâce :
Le mien sera, d’adviser que je fasse
Tes bons plaisirs, et sur tout regarder
Le droict chemin pour ton honneur garder.
Si te supply, que ta Dextre m’anonce
De cest escript la finalle response,
A celle fin que ton dernier vouloir
Du tout me fasse esjouyr, ou douloir.