Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Que songe peult sans mensonge advenir :
Et si diray la Couche bien heureuse,
Où je songeay chose tant amoureuse.
O combien donc heureuse elle sera
Quand ce gent corps dedans reposera.

VII

Qu’ay je mesfaict, dictes ma chere Amye ?
Vostre Amour semble estre toute endormye.
Je n’ay de vous plus lettres, ne langage,
Je n’ay de vous ung seul petit message,
Plus ne vous voy aux lieux accoustumez :
Sont jà estainctz voz desirs alumez,
Qui avec moy d’un mesme feu ardoient ?
Où sont ces yeux, lesquelz me regardoient
Souvent en ris, souvent avecques larmes ?
Où sont les motz, qui tant m’ont faict d’alarmes ?
Où est la bouche aussi, qui m’appaisoit,
Quant tant de fois, et si bien me baisoit ?
Où est le cueur, que irrevocablement
M’avez donné ? où est semblablement
La blanche main, qui bien fort m’arrestoit,
Quand de partir de vous besoing m’estoit ?
Helas (Amans) helas se peult il faire,
Qu’Amour si grand se puisse ainsi desfaire ?
Je penseroys plustost que les Ruisseaux