Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/33

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Si vous souffrez en elle vous nourrir
Ceste beaulté de Vertu acueillie
Se passera comme une fleur cueillie.
Mais quand Amour de vous ne partira,
Telle beaulté plus en plus florira.
Et d’aultre part en est il, qui frequentent
Le train d’Amours, sans que l’assault ilz sentent
De ces Jaloux ? Où pensez vous qu’ilz soyent ?
Si pour cela toutes Dames laissoient
Leurs Serviteurs, ainsi comme vous faictes,
Toutes Amours par tout seroient deffaictes.
Ce n’est pas tout que d’aymer seulement,
Il fault aymer perpetuellement,
Et lors que plus Jalousie se fume,
Lors que Danger plus sa cholere alume,
Et que Rapport plus se mect à blasmer,
Lors se doibt plus vraye amour enflammer
Pour leur montrer qu’Amour est plus puissante,
Que leur Rigueur n’est amere, et cuysante.
Ce neantmoins vostre plaisir soit faict :
Il est en vous de me faire (en effect)
Souffrir à tort : mais en vostre puissance
N’est pas d’oster la grande obeissance,
Et l’amytié qu’ay en vous commencée :
Plustost mourir que changer ma pensée.

IX

La grand Amour, que mon las cueur vous porte,
Incessamment me conseille, et enhorte
Vous consoller en vostre ennuy extrême :
Mais (tout bien veu) je treuve que moymesme
Ay bon besoing de consolation