Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/37

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Avecques vous, car mon vouloir ne tend
Qu’a vous complaire. Or pour nous resjouyr,
Si vous voulez les Matines ouyr
Là, où sçavez, il n’est Chambre si bonne,
Ne si bon Lict, que du tout n’abandonne
Pour me trouver : car pour final propos,
Dedans ung Lict ne gist point mon repos :
Il gist en vous, et en vous je le quiers :
Donnez le moy doncques, je vous requiers.

XII

Le juste dueil remply de fascherie
Qu’eustes hersoir par la grand resverie
De l’homme vieil, ennemy de plaisir,
M’a mis au Cueur ung si grand desplaisir,
Que toute nuyct repos je n’ay sceu prendre :
Aussi seroit à blasmer, et reprendre
Le Serviteur, qui porter ne sçauroit
Le mesme dueil, que sa Maistresse auroit.
Certainement ma Nymphe, ma Deesse,
Quand joye avez, je suis plein de liesse,
Et quand douleur au cueur vous touche, et poingt,
Je ne reçoy de plaisir ung seul poinct.
Toute la nuyct je disois à par moy,
Helas, fault il qu’elle soit en esmoy
Par le parler, et par la langue amere
D’ung, qui la trouve et Mere, et plus que Mere ?
Que pourra il faire à ses Ennemys,
Quand il veut nuyre à ses meilleurs Amys ?
Ainsi disoys, ayant grand confiance
Que vostre Cueur bien armé de Constance
Plus grans assaulx sçauroit bien soustenir,
Et que le mal qui en pourroit venir
Ne pourroit pas tumber que sur la teste
Du mal parlant, qui trop se monstra beste.