Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/57

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Venoit à faire à l’ennuy resistance,
Lors sortiriez de desolation,
Et j’entreroys en consolation,
En vous voiant n’estre plus desolée.
Si n’ay je empris vous rendre consolée
En cest escript, pour seulement oster
Le mal, que j’ay de vous veoir mal porter.
Plus tost vouldrois, certes, qu’il feust permis,
Que vostre dueil avec le mien feust mis,
Aimant plus cher avoir double destresse,
Que d’en veoir une en ma Dame, et Maistresse :
Mais le moien plus souverain seroit,
Quand par vertu tel ennuy cesseroit.
La vertu propre en cestuy cas, c’est force,
Qui dueil abat, et les tourmens efforce.
Je ne dy point force de corps, et bras :
S’ainsi estoit, les Taureaux gros, et gras,
Lyons puissans, Elephans monstrueux.
Seroient beaucoup (plus que nous) vertueux :
Ce que j’entends, c’est force de courage
Pour soubstenir de infortune l’Orage,
Et resister à survenans malheurs.
N’est elle point parmy voz grands valeurs
Ceste vertu ? Si est abondamment :
Vueillez la donc monstrer evidemment
En cest ennuy. Les estoilles celestes
Jamais ne sont que de nuyct manifestes :
Aussi confiance en nous ne peult bien luire,
Qu’au temps obscur, que douleur nous vient nuire.
Aux grands assaulz acquiert on les Honneurs,
Et tant plus sont aigres les Blasonneurs,