Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/140

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toy, las je veins accoler
De mes deux bras la flairante ramée,
Qu'autour de moy avoys mise, et sernée,
En te disant, mon gracieux Amy,
Ay je point trop à vostre gré dormy?
N'est il pas temps, que d'icy je me lieve?
   Ce proferant, ung peu je me soublieve,
Je cherche, et cours, je reviens, et puis voys,
Au tour de moy je ne veis que les boys,
Dont maintefois t'appelay Pierre, Pierre,
As tu le cueur endurcy plus que Pierre,
De me laisser en cestuy boys absconse?
   Quand de nully n'eu aulcune responce,
Et que ta voix point ne me reconforte,
A terre cheuz, comme transie, ou morte:
Et quand apres mes langoreux espritz
De leur vigueur furent ung peu surpris,
Semblables motz je dis de cueur, et bouche.
   Helas amy, de prouesse la souche,
Où es allé? Es tu hors de ton sens,
De me livrer la douleur que je sens
En ce boys plein de bestes inhumaines?
M'as tu osté des plaisances mondaines,
Que je prenoys en la maison mon Pere,
Pour me laisser en ce cruel repaire?
Las qu'as tu faict, de t'en partir ainsi?
Penses tu bien que puisse vivre icy?
Que t'ay je faict, ô cueur lasche, et immunde?
   Se tu estoys le plus noble du Monde,