Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/143

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mon mal empirer.
   Là demouray (non pas sans souspirer)
Toute la nuict: ô Vierge treshaultaine,
Raison y eut, car je suis trescertaine,
Qu'oncques Thisbé, qui à la mort s'offrit
Pour Piramus, tant de mal ne souffrit.
   En evitant que les Loups d'adventure
De mon corps tien ne feissent leur pasture,
Toute la nuict je passay sans dormir
Sur ce grand arbre, où ne feis que gemir:
Et au matin que la clere Aurora
En ce bas Monde esclercy le jour a,
Me descendy, triste, morne, et pallie,
Et noz chevaulx en plourant je deslye
En leur disant: ainsi comme je pense
Que vostre Maistre au loing de ma presence
S'en va errant par le Monde en esmoy,
C'est bien raison, que (comme luy, et moy)
Alliez seuletz par boys, plaine, et campaigne.
   Adonc rencontre une haulte montaigne:
Et de ce lieu, les Pelerins errans
Je pouvois veoir, qui tiroient sur les rengs
Du grand chemin de Romme saincte, et digne.
Lors devant moy 'vey une Pelerine,
A qui donnay mon Royal vestement
Pour le sien pouvre: et des lors promptement
La tienne amour si m'incita grant erre
A te chercher en haulte Mer, et Terre:
Où maintesfois de ton nom m'enqueroie,
Et Dieu