Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/144

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tout bon souvent je requeroie,
Que de par toy je feusse rencontrée.
   Tant cheminay, que vins en la contrée
De Lombardie, en soucy tresamer:
Et de ce lieu me jectay sur la Mer,
Où le bon vent si bien la Nef avance,
Qu'elle aborda au pays de Prouvence:
Où mainte gent, en allant, me racompte
De ton depart: et que ton pere Conte
De ce pays durement s'en contriste:
Ta noble Mere en a le cueur si triste,
Qu'en desespoir luy conviendra mourir.
   Penses tu point doncques nous secourir?
Veulx tu laisser ceste pauvre loyalle
Née de sang, et semence Royalle
En ceste simple, et miserable vie?
Laquelle encor de ton Amour ravie,
En attendant de toy aulcun rapport,
Ung hospital a basty sur ung port
Dict de sainct Pierre, en bonne souvenance
De ton hault nom: et là prend sa plaisance
A gouverner, à l'honneur du hault Dieu,
Pauvres errans malades en ce lieu:
Ou j'ay basty ces myens tristes escriptz
En amertume, en pleurs, larmes, et crys,
Comme peulx veoir, qu'ilz sont faictz, et tissus:
Et si bien voys la main, dont sont yssus,
Ingrat seras, si en cest hospital,
Celle qui t'a donné son cueur total,