Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/153

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Sera congneu le zele de mon vueil.

Or est ainsi, Princesse magnanime,

Qu'en hault honneur, et triumphe sublime

Est florissant en ce Camp, où nous sommes,

Le Conquerant des cueurs des gentilz hommes:

C'est Monseigneur par sa vertu loyalle

Esleu en Chef de l'Armée Royalle:

Où l'on a veu de guerre maintz esbatz,

Adventuriers esmouvoir gros combatz

Pour leur plaisir sur petites querelles,

Glaives tirer, et briser allumelles,

S'entrenavrant de façon fort estrange:

Car le cueur ont si treshault, qu'en la fange

Plustost mourront, qur fuyr à la lice:

Mais Monseigneur, en y mettant police,

A deffendu de ne tirer espée,

Si on ne veult avoir la main couppée.

Ainsi Pietons n'osent plus desgayner,

Dont sont contrainctz au poil s'entretraîner,

Car sans combatre ilz languissent en vie:

Et croy (tout seur) qu'ilz ont trop plus d'envie

D'aller mourir en guerre honnestement,

Que demourer chez eulx oysivement.

Ne penses pas, Dame, où tout bien abonde,

Qu'on puisse veoir plus beaulx hommes au Monde:

Car (à vray dire) il semble que Nature

Leur ait donné corpulence, et facture

Ainsi puissante, avec