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Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/169

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Le cueur verrois aultre qu'on ne t'a dit.

A tant me tais, cher Seigneur nostre Maistre,

Te suppliant, à ce coup amy m'estre.

Et si pour moy à raison tu n'es mis,

Fais quelcque chose au moins pour mes amys,

En me rendant par une horsboutée

La liberté, laquelle m'as ostée.


XI

Epistre à son amy Lyon

Je ne t'escry de l'amour vaine, et folle,

Tu voys assez, s'elle sert, ou affolle:

Je ne t'escry ne d'Armes, ne de Guerre,

Tu voys, qui peult bien, ou mal y acquerre:

Je ne t'escry de Fortune puissante,

Tu voys assez, s'elle est ferme, ou glissante:

Je ne t'escry d'abus trop abusant,

Tu en sçais prou, et si n'en vas usant:

Je ne t'escry de Dieu, ne sa puissance,

C'est a luy seul t'en donner congnoissance:

Je ne t'escry des Dames de Paris,

Tu en sçais plus que leurs propres Maris:

Je ne t'escry, qui est rude, ou affable,

Mais je te veulx dire une belle fable:

C'est assavoir du Lyon, et du Rat.

Cestuy Lyon plus fort qu'un vieulx Verrat,

Veit une fois, que le Rat ne sçavoit

Sortir d'ung lieu, pour autant qu'il avoit

Mangé le lard, et la chair toute crue:

Mais ce Lyon (qui jamais ne fut Grue)

Trouva moyen, et maniere, et matiere

D'ongles, et dentz, de rompre