Veu ton esprit, qui les aultres surpasse,
Je m'esbahis comment je prends audace
Composer vers. Est ce pour te valoir,
Touchant cest art? c'est plus tost Bon vouloir,
Ou franc Désir, qui mon cueur induict à ce.
Rien n'est mon faict: le tien est bon de grâce.
Brief, ta façon en peu de Ryme embrasse
Raison fort grande, et sans grand peine avoir,
Veu ton esprit.
Or desormais, je vueil suyvre la trasse
De ton hault sens, duquel la veine passe
Entre les Rocz du profond concepvoir.
A tant me tais, mais si en tel sçavoir
Veulx t'adonner, tu seras l'outrepasse,
Veu ton esprit.
XXII
A la louange de ma Dame la Duchesse d'Alençon, Soeur unique du Roy
Sans riens blasmer, je sers une maistresse,
Qui toute femme ayant noble haultesse
Passe en Vertus, et qui porte le nom,
D'une fleur belle, et en Royal surnom
Demonstre bien son antique noblesse.
En Chasteté elle excelle Lucresse:
De vif Esprit, de Constance, et Sagesse
S'en est l'Enseigne, et le droit Gouffanon,
Sans riens blasmer.
On pourroit dire, il l'estime sans cesse,
Pour ce que c'est sa Dame, et sa Princesse,
Mais on sçait bien, si je dy vray, ou non.