Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

En ceste terre avez vous point congnu
Une, pour qui je suis icy venu?
La fleur des fleurs, la chaste columbelle,
Fille de paix, du monde la plus belle,
Qui ferme amour s'appelle. Helas, Seigneurs,
Si la sçavez, soyez m'en enseigneurs.
    Lors l'ung se taist, qui me fantasia:
L'autre me dit. Mille ans ou plus y a,
Que d'amour ferme en ce lieu ne souvint.
L'autre me dit, jamais icy ne vint.
Dont tout soubdain me pris à despiter:
Car je pensois que le hault Juppiter,
L'eust de la terre en son Trosne ravie.
    Ce neantmoins, ma pensée assouvie
De ce ne fut, tousjours me preparay
De poursuivir. Et si deliberay
Pour rencontrer celle Dame pudique,
De m'en aller au Temple Cupidique
En m'esbatant: car j'euz en esperance
Que là dedans faisoit sa demeurance.
    Ainsi je pars: pour aller me prepare
Par ung matin, lors qu'Aurora separe
D'avec le jour la tenebreuse nuict,
Qui aux devotz Pelerins tousjours nuit.
    Le droit chemin, assez bien je trouvoye:
Car çà, et là, pour adresser la voye
Du lieu devot, les passans Pelerins
Alloient semant Roses, et Romarins,
Faisans de fleurs mainte belle montjoye,