Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/117

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frère de l’un ou de l’autre, et j’y passai quelques heureuses semaines.

Après m’avoir fait faire connaissance avec Paris, ses promenades et ses spectacles, mon hôte me conduisit à Versailles. J’éprouvai, dès l’abord, un vif entraînement, une sympathie réelle pour M. des Touches, dont les manières ouvertes, et surtout le talent avec lequel il sut me mettre à mon aise, me séduisirent tout aussitôt. En sortant de déjeuner, il me semblait connaître M. des Touches depuis mon enfance, et lorsque je vis mon introducteur prêt à prendre congé de nous, pour retourner à Paris, je n’éprouvai aucune émotion sérieuse en pensant que j’allais rester seul au milieu d’une famille et d’un monde entièrement nouveaux pour moi.

Le lendemain, je louai les meubles nécessaires pour meubler la chambre qui m’était destinée dans le corps de logis occupé par les bureaux, je chargeai la femme du portier, très bonne et très honnête femme, du soin de cette chambre et de mon linge, je choisis ma pension chez le restaurateur où mangeaient les gardes du corps, rue de l’Orangerie, et, ainsi organisé pour le solide, je me mis sérieusement au travail à côté de M. Oudard, secrétaire intime du préfet, qui devint bientôt mon ami.

Il avait été convenu que je déjeunerais tous les jours à la préfecture, chez M. des Touches, et que je dînerais où bon me semblerait ; mais, au bout de deux ou trois mois, M. des Touches parut si satisfait de mes habitudes régulières et de mon caractère, qu’il me dit un matin, en entrant près de moi : « Marquiset, donnez