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Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/180

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de ce petit aparté ont pris un développement tellement indiscret qu’ils ont provoqué, à plusieurs reprises, les murmures du parterre.

Simple figurante dans le chœur des danseuses de l’Opéra, où la lorgnette de son auguste amant était allée découvrir sa beauté et ses charmes, Virginie recevait alors douze cents francs d’appointements et se croyait riche ; elle a aujourd’hui un hôtel confortable à Paris, un élégant équipage, et elle habite en ce moment la délicieuse villa de Madrid, d’où elle vient de temps en temps, en partie de plaisir, se promener à Versailles.


M. Dumanoir était un fort bel homme d’une tournure élégante et qui, dans son très jeune temps, avait été chambellan de la princesse Pauline Borghèse[1]. D’un caractère des plus honorables, d’une conversation spirituelle, attrayante, M. Dumanoir était l’ami

  1. D’après certains racontars, il occupait encore auprès de cette princesse une autre situation analogue à celle du comte de L. et de plusieurs autres. Celui-ci, qui avait été lié fort intimement avec la sœur de Napoléon sous le premier Empire, lui rendit visite à Rome vers 1820, pendant un voyage qu’il fit en Italie. Reçu au petit lever de la princesse auquel assistaient une dizaine de personnes, il se montra aimable et charmant selon son habitude. Le soir même, dans un bal, il rencontrait Pauline qui s’approcha de lui : « Vous avez été très gentil de venir me voir ce matin, lui dit-elle, et j’en suis fort touchée, mais vous avez manqué de grâce en ne vous faisant pas présenter à mon mari. — Votre mari ?… Je suis confus, princesse… où était-il donc ? — Belle question par exemple ; vous l’avez bien vu, il était à côté de moi dans mon lit. — Toutes mes excuses, répondit le comte de L., j’ignorais que ce fût lui »