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Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/20

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AUX MILLE ÎLES.



Venise ! je t’ai vue au déclin de ta gloire !
Sur tes palais déserts et tes dômes noircis
Flottait de ton passé l’héroïque mémoire.
C’était à cette heure où les cieux sont obscurcis,
Quand tout paraît mourir sur la terre et sur l’onde :
De la mer et du ciel l’azur gardait encore
Du soleil expirant la lueur rose et blonde,
Et tu semblais sortir de flots de pourpre et d’or
Radieux et plus purs que l’écume divine
D’où naquit l’idéal d’éternelle beauté !
Ô splendeur magique où l’œil à peine devine
Les vestiges du deuil de ta viduité
Et qui fait qu’aujourd’hui, quand ta vie agonise,
De toi comme toujours les peuples sont jaloux !