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Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/30

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AUX MILLE ÎLES.

Porte le fruit humain ; les sanglantes orgies
Viennent de commencer et déjà le jongleur,
Armé de son flambeau, vers le bûcher s’élance
Pour y mettre le feu, lorsque tout mouvement
Cesse à l’instant au sein du plus profond silence.
L’éclair l’a-t-il frappé ? Pourquoi soudainement
Tous les regards tournés vers celle qui s’avance ?
Est-ce quelque génie envoyé par le ciel ?
Regardez : on dirait que dans sa contenance
Il n’est rien d’humain, mais que tout est immortel.
Elle apparaît au sein de la danse infernale
Comme une blanche étoile au milieu de la nuit,
Sur sa trace exhalant la senteur virginale
Des fraîches fleurs des bois ; de ses pas le doux bruit
Sur les gazons épais n’est que rythme, harmonie.
Que son corps est léger ! Que son visage est beau !
Son œil limpide est plein de douceur infinie,
Et ses cheveux, plus noirs que l’aile du corbeau,
Tombent sur son épaule en une longue tresse.
C’est Liola, la belle, et fille du grand chef,