Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
31
AUX MILLE ÎLES.


En vain le cherche-t-elle : hélas ! aucune voix
Ne répond à l’appel de sa chaste tendresse
Pas de main ne se tend pour recevoir ses fleurs
Et sur un cœur aimant pas un seul bras ne presse
Liola souriante ! On n’entrevoit que pleurs,
On n’entend que sanglots…
On n’entend que sanglots… « Quoi ! » s’est-elle écriée,
Pâlie et l’œil en feu, « mais où donc serait-il,
Mon père ? Sa vie est-elle sacrifiée ?
Il partit avec vous, et, vous, ô peuple vil,
Vous revenez sans lui ! C’est ainsi qu’on le venge ?
Vous auriez dû plutôt mourir jusqu’au dernier !
Guerriers qu’apportez-vous à sa fille en échange ?
Est-ce une chevelure ? Est-ce un seul prisonnier ?

« Ô Liola, pourquoi lancer à notre face
Ces reproches amers ? » lui répond une voix.
« Tu sais, la lâcheté, qu’à nos yeux rien n’efface,
N’a jamais amolli le cœur d’un Iroquois.
Toi, sage autant que belle, aussi brave que bonne,
Tu te laisses tromper par l’excès du chagrin.