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LIOLA.

Toi-même à ses yeux fis briller une couronne,
Et, nous, comment à son courage mettre un frein ?
Le premier à l’assaut, il vola comme l’aigle,
Quand sur sa proie il fond, éclair dans le ciel bleu.
Mais sa fière valeur, qu’aucune loi ne règle,
Finit par succomber sous les flèches de feu.
Par la foudre des blancs sa voix est étouffée.
Au plus fort du combat, nos guerriers vainement
Tombent pour arracher sa tête du trophée.
Oh ! que sa défaite eut du retentissement !
Prêtes à le venger nos cinq tribus armées
Accourent de partout : on dirait que des bois
Les feuilles en soldat sont toutes transformées.
Pendant sept longs soleils nous vidons nos carquois.
Les canots sont brûlés pour mettre tout en flamme.
Des torches à la main, sur des monceaux de corps,
J’escalade les murs et de la race infâme,
Qui nous a combattus, ne trouve que des morts.
Nous les avons vaincus, mais chère est la victoire !
Hélas ! que de guerriers, sur les rameaux flottants[1]

  1. Plusieurs tribus sauvages avaient l’habitude de placer leurs morts sur des branches d’arbres et c’était un déshonneur que de les laisser gîsant dans la poussière.