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Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/34

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AUX MILLE ÎLES.


Dormiront pour toujours ! Mais grande est notre gloire :
Jamais nous n’avons vu de pareils combattants.
Et toi, le croiras-tu ? dix-sept visages pâles
Avec quelques Hurons nous ont presque défaits !
Que faire ? le jongleur entendit dans leurs râles
Les soupirs d’un génie : effrayés, stupéfaits,
Les guerriers, assemblés pour à jamais détruire
Cette race étrangère, ont tous fui comme nous.
Plus que d’autres, heureux, nous avons pu conduire
Un prisonnier, ici, pour offrir au courroux
De tous nos frères morts une digne victime.

La rose, le matin, livre à l’aile des vents
Ses suaves parfums, et la neigeuse cime,
L’été, s’épanche en pleurs au sein des lacs mouvants :
Comment te refuser, nous, ce fruit de la guerre ?
À toi ce prisonnier qu’attendait le trépas !
Qu’il remplace celui qui tant de fois naguère
Conduisit nos guerriers à d’immortels combats,