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LA PÊCHE.

Le soleil radieux, et sous qui tout se dore,
N’est que dérision s’il luit sur un cercueil.
Comme le drapeau qui sur lui-même retombe,
Quand ne l’anime plus le souffle frais des vents,
L’âme veuve s’affaisse et penche vers la tombe
Où gît tout son amour, et parmi les vivants,
Ah ! comment revenir et leur sourire encore !
Mais des regrets communs rapprochent plus d’un cœur
Et l’on a vu souvent la sympathie éclore
Dans l’œil qui des plaisirs fuit le rire moqueur.
Quand deux ruisseaux voisins descendent la colline,
Ils s’unissent bientôt entre leurs bords en fleurs :
De même le captif et la triste orpheline,
Frappés du même coup, mêlaient aussi leurs pleurs.
Elle sur un héros bien cher versait ses larmes
Et lui dans son exil pleurait sa liberté.
Ainsi que le plaisir la douleur a ses charmes :
Enivrante amertume ! et le cœur attristé,
Comme en des jours brûlants des lèvres altérées,
Veut boire jusqu’au fond ce calice de fiel.