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LA PÊCHE.

Son pied semblait sonder l’abîme furieux.
Sa barbe et ses cheveux, comme une blanche neige,
Se mêlaient sur son corps à la mousse des ans.
Je n’osais remuer quand du haut de son siège
Il m’appela vers lui sur les flots mugissants,
Tout mon corps frémissait au souffle de sa bouche.
L’éclair de sa prunelle a brûlé mes cheveux.
Voici ce qu’il a dit : « Pour que ta voix me touche
Apprends à ma tribu qu’en ce moment je veux
Non des fleurs et des fruits, mais une offrande entière :
Alors sur les Hurons un éternel oubli
Planera comme l’ombre au triste cimetière.
Un autre souvenir doit être enseveli
Si, comme leurs aïeux, les fils veulent me plaire :
C’en est un que je hais, celui du Grand Esprit !
Prononcez son nom seul excite ma colère.
Tremblez, ingrats ! hier un parmi vous le prit
Pour son dieu ! »…
Pour son dieu ! »… Puis soudain un voile impénétrable
Entre sa face fière et la mienne est tombé,