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les galères de dunkerque

promptement descendre dans la barque dont j’ai parlé, et cela sans feu ni lumière, et avec grand silence de peur d’être aperçus de la sentinelle anglaise de la citadelle, dont nous n’étions pas fort éloignés. En entrant dans cette
Galère patronne à la voile.
(Bibliothèque Nationale. Estampes.)
barque, j’y trouvai nos autres 21 frères, que l’on avait enlevés dans leurs bancs, de la même manière que moi. On nous enchaîna tous dans le fond de la cale en observant un grand silence et, quoiqu’on nous eût fait coucher sur le dos comme des bêtes que l’on va immoler, chacun de nous avait un soldat de galère, qui nous tenait la baïonnette à la gorge pour nous empêcher de crier ni même de proférer aucune parole. Ensuite la barque démarra pour sortir du port. Il fallait passer près d’un navire anglais, qui se tenait toujours au milieu du port pour empêcher que rien n’en sortît. Ce navire fit venir cette barque à son bord, lui demandant où elle allait. Le maître de la barque, qui était