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grotte de dargilan

ininterrompus de sifflets et de cornes, convenus pour annoncer que tout allait bien, avaient cessé depuis longtemps de frapper son oreille, le son se perdant dans les sinuosités de la grotte ; sa lumière s’était éteinte, ses propres appels ne nous étaient pas parvenus : aussi, croyant à un malheur, il avait voulu regagner seul la grande salle et s’était, sans bougie, égaré dans le labyrinthe : à 8 heures 30 minutes du soir, nous sortîmes de la caverne, tous plus émus que nous ne voulions le paraître. Au surplus, quelques instants avant de constater la disparition de Fabié, nous avions été saisis d’une première frayeur : tandis que, près de la grande cascade, je scrutais l’impasse de l’Éboulement, Blanc et Armand, qui, à l’entrée de cette impasse, tenaient la corde où je m’étais attaché, crurent voir basculer un bloc de pierre dont la chute m’eût bouché le chemin et enterré vif : j’avais déjà reconnu à 35 mètres de distance l’absence de tout dégagement, et je rétrogradais bien tranquillement, quand leur cri de terreur me les fit instinctivement rejoindre en trois bonds ! Fausse alerte : le bloc ne s’était affaissé que de quelques centimètres, et le lendemain il n’avait pas bougé davantage. Inutile d’ajouter que, pendant la nuit suivante, passée sur le foin dans une grange du hameau de Dargilan, le sommeil de toute la bande se peupla de quelques cauchemars !

Un coin du Cimetière ; l’accident. — Dessin de Vuillier,

d’après un croquis de Th. Rivière.

(Communiqué par le Club alpin.)

Mais à la seconde visite de la branche ouest, après la découverte du Clocher et du Tombeau, un fâcheux accident marqua le retour : un autre de nos aides si dévoués, Hippolyte Causse, dit Poulard, le chef cantonnier de Meyrueis, qui a fouillé tant de grottes avec tous les archéologues venus pour étudier la préhistoire des Causses, avait voulu, malgré nous, descendre directement de la salle des Vasques dans le Cimetière par un mur perpendiculaire haut de 6 mètres (mur de la Chute, n° 48) : imprudent tour de force qui faillit lui coûter la vie ! Une stalagmite cassant dans sa main le précipita à la renverse sur la tête et les reins, qui heurtèrent des pierres acérées et tranchantes ; nous le crûmes tué du coup, et c’est miracle que cette chute effroyable de 6 mètres n’ait amené que la luxation d’un doigt, l’ablation d’un ongle et des contusions sans gravité ! Ce que fut la remontée du