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PRINCIPES DE GÉOLOGIE

ont vu leurs parois se tapisser de matières utiles. L’homme peut venir ; la terre est mûre pour le recevoir ; c’est à lui désormais d’exploiter toutes ces richesses que la Providence a partout accumulées pour son usage. » (De Lapparent, p. 21.) La durée des temps géologiques, c’est-à-dire le nombre d’années révolues depuis la première manifestation de la vie sur le globe, ne saurait être appréciée exactement : les estimations varient de 20 à 100 millions d’années. M. Dana, célèbre géologue américain, pense que si la part de ce temps attribuée à l’ère primaire est représentée par 12, l’ère secondaire aura pour indice 5 et l’ère tertiaire 4.

M. de Lapparent incline à diminuer la durée relative de l’ère primaire. Tout cela, bien entendu, n’est qu’approximatif.

Cassures de l’écorce terrestre — Par suite des actions mécaniques ou chimiques qu’ils ont subies postérieurement à leur formation, tous les terrains sont disloqués, sillonnés de nombreuses cassures que jadis on appelait des joints. À ce nom M. Daubrée a substitué celui de Lithoclases, baptisant ainsi toutes les cassures de l’écorce terrestre ; il a proposé la classification suivante :

I. Leptoclases (λεπτóς, menu ; et χλάω briser), de faibles dimensions, subdivisées en :

Synclases, régulières, dues au retrait provoqué par le refroidissement ou la contraction ; prismes des basaltes, polyèdres du gypse et des argiles des séchées ;

Piésoclases, sans régularité apparente, divisant en fragments très petits la surface de toutes les roches en dessous de la terre végétale, produisant presque l’effet d’un concassement, dues aux alternatives du gel et du dégel, à des tassements ou pressions, à des efforts mécaniques en un mot (de πιέξω presser, comprimer) ; elles fendillent les roches en veines, où se rencontrent parfois des cristaux de quartz, de calcite, etc., ou même des minerais métalliques.

II. Diaclases, beaucoup plus grandes, caractérisées par la verticalité des parois disjointes et par leur faible écartement, causées par des efforts mécaniques très puissants, retraits, pressions, torsions, ploiements des couches sur des longueurs et hauteurs de 100 mètres et plus. Étant pratiquées dans tous les sens, leurs entrecroisements, leurs intersections mutuelles, débitent les terrains en polyèdres irréguliers. Ainsi des milliers de diaclases verticales ont provoqué les dentelures des falaises normandes dans la craie (100 m. d’extension moyenne), des grès crétacés du Cotatuero (450 m. de hauteur sur 1,000 m. de longueur, (V. p. 11-15) et des dolomies des Causses.

III. Les paraclases ou failles. — « Une faille est une fente (fracture, rupture, cassure, fissure, brisure, crevasse) ou une solution de continuité des roches, accompagnée d’un déplacement relatif de ses deux parois ou LÈVRES, appelé rejet. Ordinairement c’est un simple plan de division, de part et d’autre duquel les deux lèvres, bien qu’ayant glissé l’une par rapport à l’autre, sont cependant restées en contact[1]. » Cependant on appelle faille ouverte celle où les deux lèvres écartées ont laissé entre elles un espace béant ; ce vide peut se trouver rempli par des matières tombées de la surface du sol, ou par des filons métallifères ou des roches éruptives injectés de l’intérieur.

Le rejet, et c’est là la caractéristique des failles, est souvent indéfini en pro-

  1. 1. A. Heim et E. de Margerie, les Dislocations de l’écorce terrestre. Zurich, 1888, in-8o.