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fondeur, c’est-à-dire que si bas que l’on suive une faille dans l’intérieur du sol on ne saurait en trouver la fin. Au contraire, les autres cassures du globe, sans rejet, ont des limites presque toujours faciles à rencontrer. Cependant il arrive parfois qu’une faille soit limitée à une certaine couche et ne traverse pas les voisines ; en outre les érosions souterraines, les glissements sur des masses argileuses peuvent, par voie d’écroulements, produire des dislocations qui auront superficiellement l’apparence de failles, mais qui ne se prolongeront jamais loin dans les entrailles de la terre. Les vraies failles « s’étendent horizontalement sur des dizaines et même des centaines de kilomètres, et pénètrent jusqu’à des profondeurs inconnues. » (Daubrée.)

« Les causes auxquelles est due, en dernière analyse, la production des failles sont encore assez obscures. Le plus grand nombre paraissent provenir directement d’un affaissement inégal des différentes parties de l’écorce terrestre vers le centre du globe ; cependant on ne saurait nier la possibilité du cas contraire (soulèvement absolu).

« Les réseaux de failles ramifiées paraissent souvent provenir non de l’affaissement direct, mais bien du fendillement général d’une région de l’écorce terrestre, sous l’influence d’un mouvement de torsion. » (Heim et de Margerie, loco cit., p. 44.) Failles

« Le trait caractéristique qui se manifeste dans d’innombrables fissures de l’écorce terrestre, c’est un parallélisme qu’on retrouve dans les fractures de toutes dimensions. » (Daubrée.)

Les ingénieuses expériences de M. Daubrée sur des lames de verre et d’autres substances, ont démontré que les torsions produisaient deux systèmes de directions également inclinés sur F axe de torsion et à peu près perpendiculaires l’un à l’autre[1].

Le savant professeur en a conclu que les lithoclases avaient joué un rôle prépondérant dans la direction des vallées ; nous verrons, chapitre XXIII, comment. l’aspect des cavernes et rivières souterraines des Causses prouve la justesse de cette déduction.

Formation des chaînes de montagnes. — Au phénomène des cassures se relie intimement celui de la formation des chaînes de montagnes. Voici comment Élie de Beaumont l’a magistralement expliqué dès 1852 (Notice sur les systèmes de montagnes).

« Le phénomène lent et continu du refroidissement de la terre occasionne une diminution progressive de son rayon moyen, et cette diminution détermine, dans les différents points de sa surface, un mouvement centripète qui, en rapprochant, chacun d’eux du centre, l’abaisse par degrés insensibles au-dessous de sa position initiale… Or, le poids de la croûte du globe l’a tenue constamment appliquée sur le liquide intérieur. Ce liquide intérieur n’étant plus assez volumineux pour pouvoir la remplir et pour la soutenir partout, elle s’est écartée par degrés de la figure sphéroïdale en se bosselant légèrement. Mais un pareil bossellement ne

  1. V. Daubrée, Études synthétiques de géologie expérimentale. Paris, Dunod, 1879, in-8°. — Id., Annuaire du Club alpin français t. VIII et IX, années 1881 et 1882.