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Page:Martel - Les Cévennes et la région des causses, 1893.djvu/339

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géologie des causses et des cévennes

Lozère ne s’est pas formée sur un rivage, autour d’une île, car nulle part ses strates « n’offrent le faciès littoral[1] ».

En résumé, il résulte des belles études de M. Fabre qu’il y a eu trois phases dans la genèse du mont Lozère :

1° Vers l’époque silurienne, et par une déchirure des schistes primitifs, le granite est monté au jour et a redressé sur ses flancs le terrain préexistant, sans s’élever lui-même très haut.

2° La mer jurassique l’a recouvert jusqu’à la fin de l’époque bajocienne, et depuis il n’a plus été submergé.

3° Vers le milieu de l’époque tertiaire, le développement de grandes failles parallèles (est-ouest) a produit un deuxième soulèvement du granite de 300 à 700 mètres à peu près, qui a atteint alors son niveau actuel, en disloquant ses revêtements jurassiques et en portant leurs lambeaux jusqu’à 1,470 mètres d’altitude.

Ces conclusions sont encore confirmées par les observations que voici : « Si, d’autre part, on cherche, au moyen des témoins laissés çà et là, à se rendre compte de la grandeur des érosions qui auraient dépouillé le mont Lozère de son manteau jurassique, on arrive à des nombres qui ne dépassent guère 200 à 300 mètres. Or toute la région accuse des dénivellations bien autrement importantes ; le large cirque du Valdonnès, entre Lanuéjols, Saint-Bauzile et Saint-Etienne, montre une érosion de 300 mètres d’épaisseur sur 30 kilomètres carrés ; les vallées du Lot et du Tarn sont excavées jusqu’à 500 mètres de profondeur ; enfin les nombreuses vallées d’érosion qui sillonnent les deux versants du mont Lozère sont creusées dans un granite très résistant, sur une profondeur qui peut atteindre 300 mètres.

« On voit donc que l’hypothèse du revêtement ancien du mont Lozère par le terrain jurassique rend parfaitement compte de la disposition actuelle des témoins, que de grandes failles ont soustraits, pour ainsi dire, à la dénudation générale, en les protégeant par des falaises résistantes de roches cristallines. » (Fabre, Matériaux, 4e note.)

L’Aigoual et les monts du Vigan se sont formés exactement par le même mécanisme que la Lozère. Sur leur pourtour aussi, les schistes sont relevés, et parfois même recouverts par le granite, qui, en certains points, paraît avoir coulé dessus, par voie de débordement ou plutôt d’extravasement.

Terrains primaires. — « Le silurien et le dévonien de l’Hérault reposent sur de puissantes assises de gneiss et de micaschiste, qui les séparent du granit sous-jacent et qui correspondent aux schistes et aux gneiss des Cévennes. » (Fabre, Âge des schistes du Gévaudan.)

« Le terrain houiller se montre à découvert sur le versant oriental de la chaîne des Cévennes, où il forme une succession de bassins plus ou moins considérables. On observe que ce dépôt s’est opéré dans les dépressions de terrains talqueux, déjà disloqués par l’effet des soulèvements antérieurs… Le bassin du Vigan est peu important… mais celui d’Alais présente un beaucoup plus grand intérêt. » (E. Dumas, Notice sur la constitution des Cévennes. — V. ce travail pour plus de détails.)

« Les grès et argiles rouges du Lot sont du permien supérieur, et synchroniques

  1. G. Fabre, Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, 7 avril 1873.