Aller au contenu

Page:Martel - Les Cévennes et la région des causses, 1893.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
65

le cañon du tarn. — de la malène au rozier

Mais Alexandre Vernhet et la sœur d’Etienne Bouscary s’aimaient, et Quiou de Bouys était jaloux !

Éconduit par la jeune fille, il fut à Millau se livrer à la gendarmerie et dénoncer son camarade.

Pris et enrôlés, Quiou et Alexandre allèrent rejoindre Napoléon en Allemagne.

Cinq ans passèrent sans nouvelles d’eux.

Lasse d’attendre son fiancé, Marie Bouscary épousa Jean Dardé ; le ménage avait construit le Mas-de-la-Font, et la métairie était en pleine prospérité.

L’Ironselle. — Phot. Chabanon.

Un soir d’été que le ciel était sombre et que la foudre grondait, Jean Dardé et sa femme étaient occupés à rentrer à la hâte le fourrage de la prairie.

Tout à coup une voix stridente et lugubre se mêla à celle du tonnerre ; elle criait : « Vive l’empereur ! » Les deux époux se regardèrent, saisis d’épouvante.

Le lendemain, Jean Dardé se rendit à la Bourgarié, où l’appelait une affaire pressante. Il trouva Simon Vernhet, frère d’Alexandre, assis au soleil devant sa porte.

Il avait l’air triste et préoccupé. « Mon frère Alexandre est revenu de l’autre monde, dit-il tout à coup à Jean Dardé ; hier à midi, il s’est dressé devant moi comme un spectre, en guenilles, sous les loques de son costume d’ancien militaire de l’Empire ! Je ne le reconnus que quand il me sauta au cou en se nommant ! Il revenait de Moscou, où un boulet avait emporté Quiou de Bouys, le traître ; lui-même, dans la retraite de Russie, avait été laissé pour