Page:Martial - Épigrammes, traduction Dubos, 1841.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
115

De ton char une ferme a payé la dorure,
Et plus que ta maison te coûte ta monture.
Tu crois ainsi montrer une âme grande ; erreur !
Tu montres seulement peu d’esprit et de cœur.

63.

CONTRE COTILE.

On dit, et partout on répète,
Que vous êtes un élégant.
Si vous ne trouvez pas ma demande indiscrète,
Cotile, dites-moi par là ce qu’on entend.
— L’élégant est celui dont la tête soignée
Toujours artistement peignée,
Exhale au loin un nard délicieux ;
Qui fredonne avec goût les chants voluptueux,
L’ariette nouvelle ou d’Égypte ou d’Espagne,
Que son bras blanc et souple avec grâce accompagne
Des mouvements les plus moelleux ;
Qui, tous les jours assis dans des cercles de femmes,
Les entretient de leurs attraits ;
Et qui sans cesse a de nouveaux secrets
A débiter dans l’oreille des dames ;
Écrire, recevoir messages et poulets,
Y répondre, voilà ses plus rudes fatigues ;
Il craint surtout qu’un voisin étourdi,
S’approchant de sa robe, en dérange le pli ;
Toujours au fait des galantes intrigues,
Il court de table en table, et des coursiers fameux
Il vante la vitesse et cite leurs aïeux.