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Pétéron, par la rose en tout temps couronné.
Et Rigas, autrefois par un théâtre orné.
N’oublions pas Silas et ses archers habiles,
Turgente, Pétusie, et leurs lacs immobiles,
De Baradon les bois plantés de chêne et d’if,
Où s’égare à plaisir le promeneur oisif ;
De Matinesse, enfin, les vallons sinueux
Où Manlius conduit ses taureaux vigoureux.
De tous ces noms ingrats la liste un peu rustique
Te fait rire, lecteur ; eh bien, ris, tu le peux ;
Quant à moi, je les aime mieux
Que tous les noms de l’île Britannique.

56.

CONTRE GARGILIANUS.

Aux veuves, aux vieillards, par pure politique,
Tous les jours de cadeaux tu fais nouvel envoi :
Et tu crois à mes yeux passer pour magnifique !
Mais non, Gargilius ; je connais ta tactique ;
Aucun n’est plus avare et plus ladre que toi.
Des pièges sont cachés sous ta feinte largesse.
Ainsi l’hôte des eaux, l’habitant des forêts,
Dupes d’une amorce traîtresse,
Reçoivent le trépas sous ombre de bienfaits.
La libéralité toujours est gratuite,
Et n’attend pas qu’un cœur reconnaissant
Des dons qu’il a reçus par d’autres dons s’acquitte ;
Tu te dis libéral ? fais-moi donc un présent.