Qu’on me verse à pleins bords double et triple mesure
D’un vin sans eau, mais surtout qu’il soit bon !
Aulus, veux-tu savoir la fin de l’aventure ?
Phryx but le vin, et son œil le poison.
79.
À LUPUS.
Heureux et mécontent ! Paix ; ne fais point d’éclat !
La Fortune aurait droit de t’appeler ingrat.
80.
SUR DES ROSES ENVOYÉES A CÉSAR.
Fière de ses jardins, l’Égypte en t’envoyant
De ses roses d’hiver un tribut volontaire,
Divin César, a cru te faire
Un rare et merveilleux présent.
Mais l’envoyé du Nil dans notre capitale
A peine a mis le pied, qu’il s’arrête, surpris :
Le printemps, en janvier, dans sa pompe s’étale,
Et Rome est un jardin où partout Flore exhale
De l’odorant Pœstum les trésors réunis.
Partout où vont ses pas, où son regard s’arrête,
La rose au-dessus de sa tête
Se balance en guirlande ou se groupe en bouquets ;
Il voit les murs parés des festons les plus frais,
Et les chemins, de fleurs sous les frimas écloses.
Cède aux hivers de Rome, ô Nil, et désormais
Viens échanger tes blés contre nos roses.