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Page:Martial - Épigrammes, traduction Dubos, 1841.djvu/89

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Que d’amis tous les jours prendraient place à ma table !
Comme je jouirais ! Quel mortel plus heureux ?
Les Dieux, trop complaisants, ont exaucé ses vœux,
Sa robe, depuis lors, n’est plus qu’une guenille,
Et son manteau râpé qu’une sale mandille ;
Dix fois de ses souliers bâillants et racornis
L’alène a rapproche les ignobles débris.
Qu’on lui serve à dîner quelques fruits de Minerve,
De dix il en prend cinq ; le reste il le réserve.
Sur le repas du jour il vit le lendemain.
Il ose boire à peine, encore de quel vin !
Des pois bouillis, des noix, voilà toute la chère
Qui compose aujourd’hui son chétif ordinaire.
Triple fourbe ! affronteur ! misérable fripon !
Devant les tribunaux viens nous rendre raison !
Viens apprendre comment l’honnête homme doit vivre ;
Prends le train que jadis tu promettais de suivre,
Faussaire ! ou rends aux Dieux, de ta crasse lassés,
Leurs stériles bienfaits, chez toi si mal placés.

[…]

107.

À RUFUS.

D’où te vient cet air sombre, et quel sujet nouveau,
Quand tout nous rit à table, offusque ton cerveau ?
Toujours morne et pensif, si quelque camarade
Te provoque et te verse une large rasade,