Page:Martial d’Auvergne - L’amant rendu cordelier à l’observance d’amours.djvu/11

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restz d’Amour, où la matière de l’Amant rendu cordelier a l’observance d’Amour se trouve traitée avec la même légèreté de pensée, le même goût et le même agrément de style, surtout dans les huitains 164, 165 (vers 1305-20) et 170 (vers 1353-60) ; ils ont un si grand rapport avec l’Arrêt xxxvii qu’il semble que l’un et l’autre soient sortis de la même main. Ainsi l’on remarquera que notre auteur aura publié son Amant rendu cordelier quelque temps avant ses Arrestz et que vraisemblablement il n’y a pas mis son nom pour sonder, avant toutes choses, le goût du public, précaution qui n’est pas inutile quand on a résolu de s’y livrer. »

Je n’apporterai à cette supposition, que je trouve aussi vraisemblable qu’ingénieuse, qu’une confirmation indirecte, mais qui est peut-être considérable.

Au xve siècle, il est difficile d’attribuer à un auteur des ouvrages anonymes par comparaison avec ceux qui sont certains ; l’inégalité et la discordance s’y rencontrent trop souvent. Gringore est souvent dans ses vers long et ennuyeux ; il est vif et plein d’esprit quand il dialogue pour le théâtre au nom de Mère Sotte. Mais pour l’Amant rendu cordelier, on est forcément amené à se servir d’un autre élément de critique et de comparaison.

Non seulement le style en est remarquable, mais il est très particulier, très personnel, plein de mots singuliers et curieux, plein de locutions aussi rares que spirituelles. Pour les comprendre et les expliquer, le seul moyen était de les retrouver ailleurs et de les rapprocher de passages d’écrivains contemporains. Pour cela, après avoir consulté le Dictionnaire de Cotgrave, si précieux pour la langue de la dernière moitié du xve siècle et de la première moitié du xvie, j’ai relu dans cette intention Villon qui est antérieur, et les contemporains absolus, Les