Page:Martial d’Auvergne - L’amant rendu cordelier à l’observance d’amours.djvu/12

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quinze Joyes de mariage, Coquillart, Crétin, Molinet, Gringore, Jean Le Maire, d’autres encore, et j’ai été fort surpris. Sauf Charles d’Orléans, qui est hors de cause, c’est à peine s’ils fournissent quelques passages analogues à citer comme éclaircissements. Par contre, un livre en prose, un seul livre, on peut le dire, est, sous ce rapport, d’une richesse bien surprenante. Il n’y a pas un mot rare et caractéristique, pas une locution, pas un tour qui ne se retrouve dans les Arrestz d’Amour. Il serait trop long d’en rappeler les preuves. Si, dans les notes, je cite peu d’auteurs contemporains ; si, au contraire, je cite les Arrestz d’Amour à chaque instant, c’est qu’on ne trouve rien dans les premiers, et qu’on trouve tout dans un seul ouvrage, celui-là même dont le thème est analogue.

Ce n’est pas seulement par les mots, c’est aussi par l’esprit que la ressemblance est sensible ; il y a autant d’analogie dans la façon de penser que dans la manière de dire. Les notes, sur ce point, en font en quelque sorte la preuve d’une façon continue et très frappante. Si l’Amant rendu cordelier n’est pas de l’auteur des Arrestz, il faudra convenir que personne peut-être n’est jamais entré avec plus de souplesse et de bonheur dans la pensée et dans le style d’un autre ; le pastiche vaudrait le modèle. Il est plus simple de supposer que tous les deux viennent de la même plume, et de s’en tenir à la supposition de Lenglet-Dufresnoy. Tant qu’il ne sera pas produit une preuve documentaire et irréfutable d’un nom différent, qui sera peut-être absolument nouveau, il y a lieu de penser que l’Amant et les Arrestz sont tous deux de Martial d’Auvergne.

L’attribution est même antérieure à celle de l’édition de Lenglet-Dufresnoy, qui est de 1731. Dans un catalo-