Page:Martial d’Auvergne - L’amant rendu cordelier à l’observance d’amours.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas un souvenir indirect et involontaire du premier projet ?

Il est vrai que, si le xxxviie arrêt est en réalité le même motif et le même thème, le dessin en est différent ; c’est, comme tous les Arrestz d’Amour, le compte-rendu d’un procès et d’une action en justice. D’abord les conclusions de la dame demanderesse contre les cordeliers, les raisons de ceux-ci pour leur défense, et enfin les considérants du jugement en leur faveur. Nous le donnons à la suite de cette préface pour qu’on puisse faire la comparaison. La donnée de l’Amant rendu cordelier est le même sujet, mais traité différemment. Ce qui y domine, c’est le dialogue entre l’amant et le prieur. À peine de ne pas tenir dans son cadre, le livre en prose ne pouvait pas le conserver, pas plus que toute une partie de ce débat, comme on eût dit autrefois, partie charmante d’ailleurs, mais qui est un hors-d’œuvre. Les vingt-une strophes du sermon du père prieur sur le danger des yeux sont une variation, un trille, ou un point d’orgue ; le poète eût-il toujours trouvé de quoi en faire de nouveaux ? S’il en avait mis partout, le plan, la suite, la pondération de l’ensemble en eussent été trop rompus. Est-ce à ces considérations que Lenglet a obéi, en reconnaissant le même esprit et le même auteur dans


    lisant ; « En lieux plusieurs », on aurait une nouvelle rime, et l’absenec d’un vers.

    L’autre lacune est très évidente dans les trois vers :

    « Les uns de paour serroient leurs dens ; — Les autres, esmeuz et ardants — Tremblans comme la feuille en l’arbre »,

    Arbre n’a pas de rime correspondante ; or, au xve comme au xixe siècle, arbre appelle forcément à la rime le mot marbre ; il devait donc y avoir ici un vers comme le suivant :

    « Les uns de paour serroient leurs dens, — Et estoient aussi froids que marbre. »