Page:Martial d’Auvergne - L’amant rendu cordelier à l’observance d’amours.djvu/15

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les deux œuvres ? Toujours est-il, malgré les différences, que là encore il y a lieu d’être de son avis.

On pourrait même y ajouter une raison nouvelle, c’est que les deux ouvrages ont été imprimés du vivant de Martial d’Auvergne et que l’Amant a été imprimé le premier. Comme il est l’auteur incontestable des Arrestz, ce serait alors lui qui aurait volé l’Amant et en aurait pris l’idée mère ; il serait presque un copiste, et les imitateurs, quand ils sont aussi voisins, gâtent plutôt qu’ils ne créent. L’invention est la même dans les deux cas ; l’esprit et le talent y sont égaux ; il y a donc lieu de penser que les deux ouvrages sont de Martial d’Auvergne.

On sait fort peu de chose de sa vie. En réalité on ne sait même que deux dates, La première se trouve dans ce qu’on appelle la Chronique scandaleuse. Cette chronique, qui n’est pas de Jean de Troyes, mais de Denis Hesselin[1], et qui va de 1460 à 1483[2], mériterait bien d’être éditée à nouveau avec le soin qu’a mis M. Tuetey à sa nouvelle édition du Journal d’un bourgeois de Paris. Voici le passage qui nous intéresse :

« Audit mois de juing (1466) que les féves flourissent et deviennent bonnes, advint que plusieurs hommes et femmes perdirent leur bon entendement et, mesmement a Paris il y eut entre aultres ung jeune homme, nommé maistre Marcial d’Auvergne, procureur en la court de parlement et notaire au Chastelet de Paris, lequel, après qu’il eust été marié trois sepmaines avec une des filles de maistre Jacques Fournier, conseiller du roy en sa court de parlement, perdit son entendement en telle manière que le jour sainct Jehan Baptiste (le lundi 24), environ neuf heures du matin,

  1. Voyez Vitu, La Chronique scandaleuse, Paris, 1873.
  2. La première édition est sans date ; la seconde est de 1500, lorsque Martial vivait encore.