Page:Martial d’Auvergne - L’amant rendu cordelier à l’observance d’amours.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moyens, pour troubler ledit religieux rendu et le mettre es choses mondaines, qu’il a ja oubliées[1].

Si disoyent par ces moyens lesditz religieux qu’ilz n’estoyent tenus de exiber ledict cordelier, et, pour chose qu’on peust faire, jamais ne partiroit de ladicte religion.

A quoy ladicte dame, pour ses replicques, disoit que elle ne voulloit pas le retraire hors de religion ny de le mouvoir de son entreprinse, mais requeroit seulement, pour sa descharge, que il renonçast a la promesse qu’il lui avoit faicte, et tout ce qui avoit esté faict et dit entre eulx deux fust desclairé nul et comme non advenu.

Et disoit oultre ladicte dame que cela se devoit faire avant toute œuvre ; car elle voulloyt obvier au dangier d’amours qui s’en pouoit ensuivir. Elle vouloyt avoir enseignement de la renonciation desdictes[2] promesses, pour monstrer qu’elle aymoit entretenir sa foy mieulx que luy, affin qu’on ne lui en peust reproucher riens.

Et, au regard de ce que lesditz cordeliers disoient que icelle dame estoit presente quand ledit nouveau cordelier fut rendu et qu’elle luy vit faire les veux, respondit qu’il estoit bien vray qu’elle y fut, avecques ses autres cousines et parentes, mais, a la verité, quant elle vit qu’on le deshabilloit tout nud pour le vestir en cordelier, les lermes luy vindrent aux yeulx a si grande affluence que elle ne sceut qu’elle devint, et luy commença a soubzlever le cueur par telle façon qu’elle s’esvanouyt en plain chappitre, et ne lui souvenoit alors d’aliance ne de promesse ; car il n’est au monde si grant doulleur a femme que de veoir son amy rendu en religion ; par quoy fault la excuser. Et, quant elle n’eust point esté troublée, si n’eust elle pour rien entreprins d’aller desclairer devant tout le monde qu’i ne se pouoit rendre, pour blasme et deshonneur qu’il en eust peu avoir.

Et, a ce que lesdictz deffendeurs disoyent en oultre que

  1. L. N. oublies.
  2. L. N. et T. desdits promesses.