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histoire des églises et chapelles de lyon

lités privées, ledépenses, véifiées au ministère des Cultes, en octobre 1873, se sont élevées à 253.039 fr. 41 ; les recettes, souscriptions et honoraires de messes, étaient montées à 203.372 fr. 71. L’État consentit à solder la différence, sous le ministère de M. Jules Simon et après une demande de Mgr Ginoulhiac : il versa la somme de 49.666 fr. 70. M. Fourton, ministre des Cultes, successeur de M. Jules Simon, en prévînt l’archevêque par une lettre du 29 novembre 1873.

Telle qu’elle se présente dans son achèvement et avec les embellissements qu’elle doit à ses bienfaiteurs, l’œuvre de l’éminent architecte du séminaire satisfait l’œil par son aspect monumental, l’harmonie de ses proportions, la pureté de ses lignes sévères, en même temps que d’une façon commode elle se prête aux usages liturgiques et au déploiement des pompeuses cérémonies du culte, fréquentes dans la communauté irénéenne.

Elle accuse le style roman du xiie siècle : une nef principale, sans transept, flanquée d’étroits collatéraux et une abside, entourée de cinq absidioles rayonnantes, formant autant de petites chapelles, en constituent le plan développé. La nef est divisée en deux parties d’inégale grandeur : l’une se compose de trois travées, que des contreforts saillants et droits jusqu’à la voûte accusent et séparent, que de hautes fenêtres cintrées échurent de chaque côté, et l’autre, plus large que les précédentes, remplit la quatrième travée, ornée d’une rosace à six lobes et portant un triforium dont l’élégance se dessine dans la courbure de ses lignes et la richesse de ses colonnettes. Cinq autres fenêtres sont percées dans autant de baies de l’abside et, à l’étage inférieur, la galerie du pourtour se continue avec ses ouvertures correspondantes qui brisent avantageusement la surface plane du sanctuaire.

Tout serait à admirer, tout serait à louer, sans restriction, dans le plan et l’exécution de l’édifice, si le visiteur, en pénétrant du dehors au dedans, n’éprouvait comme de l’étonnement et une certaine déception de ne pas apercevoir ce qu’il avait soupçonné exister d’après l’aspect extérieur. Les murailles de la grande nef forment masse compacte et isolent tout le reste de la chapelle, sans qu’on puisse en deviner la présence, l’utilité et l’harmonie : les collatéraux passent au rang de couloirs et les autels rayonnants sont dérobés à la vue. Peut-être la commodité a-t-elle imposé cette ordonnance : il me semble qu’elle n’est pas très heureuse.

Il paraît qu’avant sa mort, M. Tony Desjardins avait préparé une monographie complète de son œuvre de prédilection : notes, dessins, photographies, graphiques de Saint-Irénée étaient prêts à être remis à l’éditeur : il est vivement à désirer que l’héritier de ses talents professionnels et de son nom, M. Desjardins fils, ne renonce point à ce projet et publie les études paternelles, qui oserait prévoir à quels usages ces bâtiments et cette chapelle seront affectés dans quelques années, quelles transformations ils auront subies ? Qu’ils demeurent au moins, dans un beau livre, tels qu’ils furent conçus, tels qu’ils furent réalisés par le labeur, le talent et la charité.

Il faut espérer aussi qu’un ouvrage historique complet et détaillé redira en détail les gloires des deux séminaires successifs, rappellera la biographie des personnages illustres qui en sont sortis à toute époque, tels le cardinal Donnet, les évêques Debelay, Cœur, Dufêtre, Loras, Lyonnet, les vicaires généraux Courbon, Lajout et une multitude d’autres, l’honneur et la gloire du diocèse.