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histoire des églises et chapelles de lyon

nos jours encore, saint Louis est en quelque sorte le patron populaire de l’église ; il a donné son nom à tout le quartier.

Au xixe siècle, la Guillotière a doublé la population de Lyon, et les quartiers de la rive gauche se sont couverts d’églises, postérité spirituelle et temporelle de l’ex-chapelle des Picpus. Il suffira de rappeler des noms et des dates : Saint-Pothin, fondé le 21 juillet 1826 ; Saint-Maurice, à Montplaisir, le 3 juillet 1843 ; Saint-André, le 15 juillet 1846 ; l’Immaculée-Conception, le 1er décembre 1855 ; la Rédemption, le 25 avril 1837 ; Saint-Vincent-de-Paul, le 5 février 1839 ; Sainte-Anne-du-Sacré-Cœur, le 28 juillet 1860 ; Saint-Joseph, le 4 juillet 1873 ; Sainte-Marie-des-Anges, en 1873 ; Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Montchat, en 1874 ; le Très-Saint-Sacrement, le 18 octobre 1873 ; Notre-Dame-de-Bellecombe, le 23 mars 1899 ; en tout douze rejetons qui forment une large et belle couronne de jeunesse au vieux tronc assailli par les vents contraires des siècles.

« Il n’y a guère à décrire, dans Notre-Dame-Saint-Louis, notre église ; — dit le père de l’Étoile, l’un des derniers religieux franciscains, — elle n’a pas plus de soixante pieds d’étendue et la plus grande de ses deux chapelles dix-huit. » Sur la place dite des Pères, où se trouvait la bascule, on accédait à Saint-Louis par une porte latérale ; on pénétrait dans trois chapelles, celle de saint Jean-Baptiste, avec fonts baptismaux, celle de la Madeleine et celle de la Sainte-Vierge. Une autre chapelle, avec une porte dans le clocher, avait été convertie en sacristie ; au bas du même clocher se trouvait la mairie qui y demeura jusqu’en 1838. La porte de la façade était à deux battants, décorée d’un fronton, et surmontée de deux fenêtres rectangulaires au-dessus desquelles s’ouvrait une petite rosace ; la grande nef était basse et toute unie. On montait dans la chaire par un escalier percé dans la muraille, de sorte que le prédicateur paraissait toujours à l’improviste. Le 23 septembre 1707, l’évêque de Damas, suffragant de l’archevêque de Lyon, avait consacré le maître-autel et y avait renfermé les reliques des saints Irénée, Laurent et Georges, martyrs : il ne reste plus actuellement de l’ancienne chapelle que ce maître-autel, et, au dehors, que le bas du clocher avec le perron. En 1829, M. Neyrat, quatrième curé, acheva le clocher et y plaça quatre belles cloches.

En 1844, la Guillotière, devenant chef-lieu de canton, il fallait à cette population très accrue, une église moins disproportionnée. Le curé Noailly se mit à l’œuvre, aidé du maire Bernard, qui était protestant, et de l’architecte Crépet. Le 6 mars 1842, le cardinal de Bonald bénissait la première pierre ; on commença par la construction de la nef Saint-Louis, qui servit au culte pendant qu’on élevait la grande nef ; enfin l’ancienne chapelle, complètement transformée, devint l’église qu’on voit aujourd’hui, simple mais pure de style, et remarquable surtout par l’élévation et la hardiesse des voûtes. Ce fut Mgr Plantier, évêque de Nîmes, dont le père habitait la paroisse, qui consacra l’église, le surlendemain même de son sacre, 20 novembre 1855.

La façade de Saint-Louis est d’un aspect assez froid. On l’a pourtant ornée de quatre statues représentant les évangélistes. À l’intérieur, le regard se porte instinctivement vers l’abside. Là, dans la coupole, au-dessus du maître-autel de marbre, se trouve une belle fresque : le Christ assis entre deux anges en adoration. Au-dessous, six agneaux, représentant les fidèles de l’église, adorent le monogramme du Christ.