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incurables

INCURABLES

Chapelle des Incurables.

Le vrai merveilleux est dans l’histoire de la charité chrétienne : quelle diversité dans les œuvres, les caractères, les cœurs, et pourtant combien ils ne forment qu’un seul cœur ! Lyon a ajouté, au début du xixe siècle, une belle page aux annales du bien, conclura-t-on après avoir lu l’œuvre d’Adélaïde Perrin. C’était une humble personne qui n’avait pas à compter outre mesure sur les faveurs du monde. Née en 1789, elle n’eut, dès son enfance, aucun goût pour la parure ou les amusements ; bien plus, adolescente et jeune fille, elle possédait à un rare degré la singulière faculté de se cacher et de se faire oublier. Lorsqu’elle commença à paraître, un peu contre son gré, ce ne fut que pour soulager les maux les plus répugnants. À dater de cette heure elle crut que sa vie méritait d’être étudiée par elle-même, et elle se mit à écrire ses mémoires, son journal, afin de garder la recette du bien. Ce sont des pages admirables de style ferme, de bons sens, d’intuition, de finesse claire, comme le maître psychologue d’en haut sait en inspirer à qui le cherche tout droit ; il y a là aussi de l’économie sociale, positive, vraie.

Le commencement de l’étrange apostolat d’Adélaïde fut petit, comme sont presque tous les débuts des grandes choses. En juillet 1819, une inconnue vint, en l’absence de la pieuse demoiselle, lui recommander une jeune fille qui se trouvait à l’hôpital et qu’on se proposait de renvoyer, parce qu’elle était incurable. La novatrice ne se vante pas : elle repoussa, dit-elle, trois fois la charitable messagère qui trois fois revint à la charge. Mlle Perrin va enfin, et comme par hasard, visiter la pauvre incurable, et dès lors elle ne peut plus s’en